Communiqué de l’AECSE sur la Formation des Enseignants d’octobre 2012

L’Association des Enseignants et Chercheurs en Sciences de l’Éducation tient à apporter sa contribution à la concertation sur la formation des enseignants dans le cadre de la refondation de l’École de la République. En tant qu’instance représentant des membres appartenant à des composantes universitaires d’enseignement et de recherche spécialisées en éducation et en formation, elle tient à réaffirmer plusieurs principes fondateurs, qu’elle a déjà défendus dans ses prises de position antérieures :

1. La formation des enseignants, si elle veut prétendre à la qualité, doit être à la fois professionnelle et universitaire.

Il s’agit de permettre aux enseignants débutants et expérimentés de répondre aux mutations d’un métier de plus en plus complexe et exigeant, afin de contribuer à démocratiser davantage la réussite scolaire.

2. La formation des enseignants intègre l’évolution de l’activité enseignante, qui contient une fonction première d’acquisition des savoirs et englobe une fonction plus large d’éducation.

La formation doit apporter aux futurs enseignants les connaissances leur permettant de prendre en compte la diversité des publics (notamment celle des publics d’élèves les plus en difficulté ou en situation de handicap), les caractéristiques des contextes socio-économiques des parents,  l’environnement extra-scolaire et partenarial, les enjeux éthiques, les évolutions institutionnelles. Les Sciences de l’éducation, à travers les différentes disciplines et approches qui les constituent (psychologie, sociologie, histoire, philosophie, anthropologie, analyse de l’activité, didactique, pédagogie, etc.) peuvent apporter un éclairage dans ces domaines.

3. La formation des enseignants est une formation professionnelle complète, ce qui suppose de prendre la mesure des compétences attendues d’un professionnel et de son activité effective – non pas seulement prescrite – pour réfléchir aux objectifs et contenus de formation. Il est nécessaire que cette formation comporte à la fois un exercice réel de l’activité professionnelle et un dispositif d’exploitation formative de cette expérience qui s’appuie notamment sur des modalités guidées d’analyses réflexives. Cette formation en alternance, progressive sur l’ensemble du cursus – de la pré-professionnalisation en Licence à la professionnalisation en master – doit comprendre des stages d’observation, de « pratique accompagnée » et « en responsabilité » dans des milieux variés qui apporteront aux futurs enseignants une indispensable expérience de la diversité des publics et des terrains scolaires.

4. La formation des enseignants doit être prise en charge par des équipes pluricatégorielles, associant des enseignants-chercheurs de différentes disciplines universitaires, des formateurs et des professionnels en activité des secteurs d’enseignement concernés. C’est à cette condition que les dispositifs pédagogiques reflèteront le caractère universitaire et professionnel de la formation.

Par ailleurs, tout en co-construisant une offre de formation modulaire, déclinée de manière différenciée en fonction des catégories (PE, PLC, PLP, CPE) et des disciplines d’enseignement, il convient de promouvoir des contenus de formation transversaux, mutualisant et articulant un tronc commun de savoirs et de ressources nécessaires à l’approche d’un métier de plus en plus complexe et exigeant.

5. La formation des enseignants doit demeurer une formation d’enseignement supérieur, avec un adossement à des structures et à des démarches de recherche portant sur la réalité des situations et des pratiques éducatives, les processus de construction des apprentissages, la connaissance des acteurs et des systèmes éducatifs. Elle suppose la mobilisation de l’ensemble des compétences de recherche et de formation présentes dans l’enseignement supérieur. Dans ce cadre, les départements de Sciences de l’Education ont vocation à mettre à disposition leur expertise éprouvée à la fois dans l’enseignement et à travers les recherches en éducation et en formation. La formation professionnelle initiale et continue ne peut que s’adosser aux recherches en éducation et en formation. Là encore, les Sciences de l’éducation, à travers les différentes disciplines et approches qui les constituent, peuvent conjointement éclairer la mise en évidence des enjeux épistémologiques des disciplines à travers leur histoire, la connaissance des processus d’apprentissage des élèves et de leur rapport au savoir, le repérage des enjeux historiques et socio-culturels, éthiques, didactiques et pédagogiques de l’enseignement, les conditions de la construction d’une professionnalité enseignante, etc.

6. La formation des enseignants s’inscrit dans un continuum qui favorise une professionnalisation progressive.

La formation des enseignants commence dès la licence, avec des modalités de préprofessionnalisation permettant aux étudiants de tester leur projet professionnel. Sur ce point les Sciences de l’Education ont une longue pratique d’élaboration de modules permettant la découverte du métier d’enseignant.

Enfin, la complexité des activités d’enseignement, leur caractère stratégique pour la société française doit également rendre attentif aux conditions d’entrée dans le métier, aux modalités d’accompagnement des premières années d’exercice, à la construction globale de la professionnalisation, y compris dans l’organisation de la formation continue qui est l’une des missions des universités.

Dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants, l’AECSE estime la contribution des Sciences de l’éducation indispensable, au regard des éclairages que ses travaux de recherche ont produits et continuent d’apporter dans le domaine de l’enseignement et de la formation. L’AECSE entend demeurer un interlocuteur et un acteur disponible et vigilant, pour apporter sa contribution à cette réforme et accompagner sa mise en oeuvre.

 

Communiqué du Conseil d’Administration de l’AECSE

Octobre 2012