Motion du laboratoire EMA sur le projet de LPPR

Motion votée à l’unanimité par le Conseil du laboratoire EMA le 30 janvier 2020

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Le conseil du laboratoire EMA (CY Cergy Paris Université) réuni le 30 janvier 2020 tient à exprimer sa plus vive inquiétude concernant les propositions issues des trois rapports remis à Madame la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en vue du projet de Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (« Financement de la recherche », « Attractivité des emplois et des carrières » et « Recherche partenariale et innovation »).

Le conseil du laboratoire tient à faire connaitre son opposition à toute disposition qui

– limiterait l’indépendance et la créativité de la recherche en généralisant le financement sur projet aux dépens de budgets récurrents suffisants pour assurer la continuité d’un travail scientifique de fond et la formation des doctorants ;

– affaiblirait le statut d’enseignant.e-chercheur.se par la disparition de la référence aux 192h équivalent TD d’enseignement annuel ; la disparition de la clause d’accord pour la modulation du service ; le recours croissant à des enseignant.e.s non chercheur.se.s et/ou précaires) ;

-aggraverait encore le poids des charges administratives et de gestion (en particulier par la généralisation du financement sur appel à projets et la complexification des procédures administratives) qui détournent de l’activité de recherche ;

– augmenterait encore les pratiques de contractualisation et de précarisation des enseignant.e.s-chercheur.se.s et chercheur.se.s (recrutement croissant de contractuel.le.s plutôt que de titulaires, tenure tracks, CDI de projets, etc.) comme des personnels BIATSS et ITA ;

– affaiblirait le Conseil National des Universités, instance nationale d’évaluation par les pairs majoritairement élue permettant une régulation nationale de la carrière d’enseignant.e-chercheur.se ;

Le conseil du laboratoire EMA refuse d’être soumis à un modèle d’organisation de la recherche contraire à sa conception du travail scientifique qui privilégie la collaboration à la mise en concurrence généralisée entre chercheur.se.s, équipes et établissements.

Le conseil considère que ce modèle, désormais hégémonique, dont sont porteuses les propositions formulées dans les rapports cités plus haut et relayées par différentes autorités  en vue de la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche nuirait à la fois à son fonctionnement collégial, aux recherches collaboratives menées par le laboratoire avec de nombreux partenaires (établissements scolaires, organismes sanitaires et sociaux, collectivités territoriales, associations) et à ses collaborations internationales.

Comme de nombreuses autres équipes de recherche, le laboratoire EMA est attaché à un modèle de recherche publique, collégiale et indépendante des intérêts politiques et gestionnaires immédiats. C’est cette conception, largement partagée au sein de la communauté scientifique française, qui fait sa qualité, son attractivité et son rayonnement international.

Le conseil du laboratoire invite l’ensemble de ses membres à se réunir en Assemblée Générale et à participer aux réflexions et actions actuellement en cours dans la communauté scientifique.