Hommage à Jean-Claude Filloux

Nous avons appris avec tristesse le décès du professeur Jean-Claude Filloux, survenu le 3 mars 2017.
Jean-Claude Filloux avait 96 ans. Toute sa carrière professionnelle s’est déroulée, pour sa partie universitaire, à l’université de Nanterre. Il a oeuvré pour l’implantation des sciences de l’éducation à l’université.

Lauréat de l’agrégation en 1945, il a d’abord enseigné la philosophie en lycée (1945-1964), avant de devenir en 1964 maître-assistant de Didier Anzieu à Nanterre, avec lequel il a contribué à la création de la licence et de l’UFR de psychologie en 1965. Il a fondé ensuite en 1967-68 le département des sciences de l’éducation à l’université de Nanterre avec Gilles Ferry et Monique Linard. Il en a été le premier directeur, « de fait » de 1968 à 1973, puis officiellement de 1973 à 1975. Dans cette période d’institutionnalisation des sciences de l’éducation à l’université, il a contribué à fonder l’Association des enseignants chercheurs en sciences de l’éducation (Aecse) dont il a été le premier secrétaire général en 1971.

Il a joué un rôle important pour favoriser la contribution de la psychosociologie et de la psychanalyse aux sciences de l’éducation naissantes. Ses travaux ont porté en partie sur la question des groupes dans une perspective psychosociologique. Il s’est formé à la dynamique des groupes à l’occasion d’un voyage d’études aux États-Unis dans les années 1950, à une époque où Kurt Lewin menait ses recherches. En 1959, il a participé à la création de l’Association pour la recherche et l’intervention psychosociologique (Arip) avec Guy Palmade, Eugène Enriquez, Jean Maisonneuve, Jean Dubost, Jean-Claude Rouchy et Max Pagès. Il fait également partie des 18 membres fondateurs du Centre international de recherche, formation et intervention en psychosociologie (Cirfip), en 1993. Auteur en 1987 de la première note de synthèse sur les rapports entre psychanalyse et pédagogie, dans la Revue française de pédagogie, il fait figure de pionnier dans les sciences de l’éducation, dans l’articulation entre psychanalyse et éducation.

Au titre des publications, on citera en particulier ses travaux sur Durkheim (Durkheim et le socialisme, Droz, 1977 ; Durkheim et l’éducation, Puf, 1994), sur Tolstoï (Tolstoï pédagogue, PUF, 1996) sur l’apport de la psychanalyse à l’éducation (Champ pédagogique et psychanalyse, PUF, 2000), et son Que sais-je ? sur L’inconscient (22 rééditions, dont la dernière en 2015).

L’AECSE, les membres du CNU en sciences de l’éducation, le Centre de recherches éducation et formation (Cref) et l’UFR Sciences psychologiques et Sciences de l’éducation de l’université de Paris Nanterre s’associent à la douleur de sa famille et de ses proches et leur présentent leurs plus sincères condoléances.

Biographie établie par Arnaud Dubois pour l’Aecse (Association des enseignants et chercheurs en sciences de l’éducation) avec l’aide de Françoise Hatchuel (Université Paris Nanterre).