Veuillez trouver ci-après le relai d’un message d’Henri Peyronie et d’Anne-Laure Le Guern.
Tristesse…
Vous le savez peut-être déjà : nous venons d’apprendre le décès de Francine Best.
Elle avait 90 ans.
Je me permets d’évoquer ici quelques éléments de sa biographie.
Elle avait fait des études de philosophie, jusqu’à l’agrégation. Son premier poste fut en Algérie.
Après avoir créé une section du PSU à Oran, elle eut quelques ennuis avec l’OAS (qui la condamna à mort…).
En 1962 elle fut nommée directrice de l’École normale d’institutrices de la Manche. Entre autres, avec Fernand Lecanu (instit Freinet de Cherbourg) ils créèrent la section du Planning familial de la Manche en 1967 (ce qui ne passa pas inaperçu dans le couvent laïc qu’était une ENF).
En 1969, elle fut nommée directrice de l’École normale d’institutrices du Calvados (dans les locaux de la route de la Délivrande), dans un moment difficile pour cette institution très vieillissante et bousculée par le mouvement de 1968.
À cette époque (1967) où se dessine la création de la discipline universitaire des Sciences de l’éducation, elle convainc G. Mialaret d’y intégrer la philosophie de l’éducation et rédige le chapitre de « philosophie de l’éducation » dans le Traité des sciences pédagogique coordonné par Debesse et Mialaret. Elle fut chargée de cours dans cette discipline à l’Université de Caen.
Elle devint Inspectrice pédagogique régionale pour la philosophie, en 1974.
Adjointe au maire dans l’équipe de François Geindre en 1977, à Hérouville dans la banlieue de Caen, on lui doit la création de trois « écoles ouvertes » – dont l’école Célestin Freinet. On lui devra aussi un soutien décisif au projet des collègues créateurs du Collège Lycée Expérimental, l’un des quatre établissements scolaires alternatifs dans l’enseignement secondaire créés sous le ministère Savary. Hérouville fit partie des villes de banlieues qu’on a pu qualifier de ville-laboratoire : après les années 50 et « l’excroissance monstrueuse de l’urbain » dans les banlieues (Lourau), dans les années 60-70 on tenta d’inventer » dans quelques villes « neuves » un nouvel espace éducatif coextensif à celui de la cité » (Guy Vincent).
Quand la gauche arriva au pouvoir, en 1981, Francien Best fut nommée directrice de l’Institut National de Recherche pédagogique (1982), sous ce ministère Savary : c’est un des moments les plus importants de son action professionnelle institutionnelle.
En quittant l’INRP, elle fut nommée Inspectrice générale de la Vie scolaire.
Elle a été aussi présidente nationale des CEMEA.
Elle a écrit plusieurs livres (en particulier sur les « activités d’éveil – elle était proche de Louis Legrand » le promoteur de cette réforme). Mais elle a peut-être davantage inspiré des éducateurs et des enseignants par la force de sa présence et de ses interventions dans les lieux de formation.
Les mails qui évoquent son décès, concluent presque tous avec cette belle formule : « c’était une grande dame ».
Sa famille a créé une adresse mail, pour qui voudrait envoyer un petit mot : pourfrancinebest@gmail.com
L’inhumation aura lieu mercredi 13 avril à 10h30 en l’église de Regneville sur Mer, dans la Manche.
Je joins à ce mail le texte d’hommage des CEMEA, qui détaille l’action de Francine Best dans ce mouvement et indique quelques-uns de ses autres engagements.
Henri Peyronie
PS : Un ajout—> entretien de Francine BEST par Jean-Yves BODERGAT le 2 mars 2016, sur le colloque de Caen en 1966 sur la « naissance d’une discipline »